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Film : « D’une seule voix » de Xavier de Lauzanne, une partition pour l’altérité



France
Genre : documentaire
Durée : 1h23
Sortie en salles le 11 novembre 2009

D’une seule voix est un film documentaire sur une tournée effectuée d’une troupe éphémère et fragile : la tournée en France d’un concert réunissant des musiciens d'Israël, de Cisjordanie et de Gaza, juifs, arabes et arméniens, les trois confessions ensemble pendant une tournée entière). Israéliens et Palestiniens, juifs, chrétiens et musulmans, ils sont avant tout musiciens. Partant du constat qu’il est maintenant impossible pour eux de se rencontrer en Israël ou dans les territoires Palestiniens, le français Jean-Yves Labat de Rossi, va les cherchez chez eux, de part et d’autre du mur, pour les inviter à une tournée surprenante qui les réunira en France pendant trois semaines. Un pari audacieux qui se révèle rapidement risqué. Dès le début de la tournée, les rivalités apparaissent inévitablement. Sur scène, c’est un triomphe alors que dans les coulisses, le ton monte. L’initiative provient émane d’un français : Jean-Yves Labat de Rossi, dont la vie nous ramène aux années 1970. Personnage atypique, Jean-Yves Labat de Rossi a connu de grandes heures. Rocker à succès dans les années 70 aux Etats-Unis, il tient le synthétiseur dans le groupe psychédélique Utopia, il fréquente Woodstock et mène une vie «sex, drug and rockn’ roll». Mister Frog, son nom de scène, et ses fameux collants verts, séduisent pour un temps le public américain avant que des divergences artistiques ne l’amènent à quitter le groupe. Première tentative de musico-pacification : en 1994, il réussit l’exploit de reformer en pleine guerre la chorale éclatée de Sarajevo – alors composée de Serbes, de Croates et de Bosniaques – et de les faire chanter dans la cathédrale alors que la mitraille sévit tout autour. Il pousse l’audace jusqu’à organiser l’évasion des choristes de la ville assiégée - par le tunnel de l’aéroport - afin de les faire chanter en France.
Finalement, Sarajevo le laisse brisé. Dissident face à l’inertie politique, il revient avec un terrible sentiment de frustration. Il ne lui reste, pour bagages, que des visions récurrentes de l’horreur dont l’Homme est capable. Il se retire alors de la société. Sept années au terme desquelles un reportage sur le siège de la Nativité à Bethléem réveille de plus bel son activisme « pour la paix ».
Autrefois Sarajevo, maintenant le Proche-Orient et toujours la musique comme un manifeste pour la paix. Le film s’invite d’image en image dans la promiscuité d’une tournée entre des artistes de toutes générations, de tous milieux socio-éducatifs, nombre des artistes palestiniens (de Gaza et de Cisjordanie ne parlent que l’arabe) et qui ne perçoivent les autres que l’image que les médias, l’école ou les forces politiques imposent à la population.  Faire une tournée ensemble, apparaît dans le film de Xavier de Lauzanne comme une fenêtre de relations humaines arrachée aux attentats et à l’escalade de la violence qui en découle. Lors de la tournée, des musiciens palestiniens saluent en formant un V avec les deux mains.  Le même jour, un attentat tonne à Jérusalem, c’est le geste de trop, le geste de l rupture dans les interprétations symboliques, les juifs israéliens y voient l’expression d’un soutien au terrorisme avec le geste fétiche de Yasser Arafat, les arabes du groupe répondent qu’il s’agissait de répondre par un geste de complicité avec les français d’origine magrébines composant le public…c’est l’escalade, l’atmosphère devient électrique, les musiciens se confrontent en coulisses, les yeux rougissent. Un documentaire pour abattre des murs insurmontables au prétexte de l’unicité des talents musicaux.  L’utopie du projet au début distrait l’attention puis subrepticement, le talent du réalisateur fait son œuvre et l’ambiance de la tournée jaillit en pleine face, dans la salle de projection.  Le spectateur est témoin de la tension électrique et aussi des séductions transfrontières devenues étonnamment possibles, des histoires d’amitiés que le réalisateur prend soin de relater.  En postscriptum, la guerre du Liban.  Lorsqu’un duo de rap, Eti et Saz, se produit entre une jeune et séduisante israélienne qui démarre la chanson en Keffieh et un rappeur palestinien, l’espace de trois minutes, un espace de complicité pacifique s’autorise, comme une parenthèse aux larmes.
Le film a été couvert de prix documentaires.
Le CD « D’une Seule voix » (Ad Vitam Records-Harmonia Mundi) est disponible. Il a
remporté le prix Siloë Musique 2004 et le Trophée d’Or 2007 de l’Académie du disque lyrique.
Philippe Coen

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